Les Immortels vietnamiens (1)

Mise à jour 2012-05-18 10:36:17

Notes de lectures : par Hông lê Dào

Dans le cadre des croyances religieuses des vietnamiens, il existe un courant, plutôt plusieurs courants, de spiritualité d’inspiration Taoïste. Par exemple le Dai Dao ( la Grande Voie) avec ses lettrés et érudits vietnamiens revendiquant l’orthodoxie du Taoïsme, donc provenant directement de l’héritage chinois, et le Tiêu Dao ( la Petite Voie ) englobant les pratiques et croyances populaires où se mélangent les magies, les médiums, la divination… ( ne pas confondre avec la Grande Roue et la Petite Roue du Bouddhisme ). Ces courants ont laissé pénétrer dans la tradition vietnamienne des histoires légendaires dans le culte des immortels.

Or, au Vietnam, le seul recueil écrit, restant encore à nos jours, sur ces immortels est celui de 1851 : le « Hôi Chân Biên », très peu connu du public. L’Institut Archéologique de Saigon en a conservé un, écrit en caractères « nôm » ( de l’ancien vietnamien ).

Une étude sur ce dernier document, par Truong Dinh Hoè, avec la reproduction des textes et des dessins, a été publiée par Ecole française d’Extrême Orient, en 1988.

Nous vous proposons de suivre le recueil dans la présentation du panthéon des Immortels vietnamiens.

On dénombre 13 Hommes Immortels, selon la traduction du terme « chân nhân » : des « Hommes-parfaits « , et 12 Femmes Immortelles.

Ces 25 Hommes et Femmes Immortels ou Parfaits, sont des personnages mythiques, légendaires, et historiques, existant depuis l’époque des premières dynasties vietnamiennes, les Rois Hung ( 2879-258 av JC ), tels que l’Immortel Chu Dông Tu, le patriarche de tous les Immortels, sa femme la princesse Tiên Dung, qui est une des filles d’un roi Hung. Plus proche de nous, au 15e.siècle, le roi Lê Thanh Tông, un grand lettré ayant doté le Vietnam de la première Académie des Lettres, le Tao Dàn, où sont réunis les 28 plus grands mandarins lettrés de l’époque, est devenu l’Immortel Dao Am. Nous voyons resurgir également parmi ces Immortels la filiation d’un des plus grands personnages de l’histoire du Vietnam, Nguyên Trai, dont la fille , la reine Truong Lac, épouse du roi Lê Thanh Tông, est selon la légende l’incarnation de la fille-de-Jade au Palais céleste.

Les Hommes Immortels :

1er. Le patriarche Chu Dông Tu : ou Chu Dao Tô

Grand modèle de piété filiale, Chu Dông Tu était orphelin et pauvre dès son jeune âge. Il épousera la princesse Tiên Dung, fille du roi Hung.

Au cours d’un de ses voyages, sur le mont Quynh Viên, dans la province de Ha Tinh, il a rencontré un être extraordinaire appelé Phât Quang (le bouddha Quang); ce dernier lui a transmis le  » Dao « . ( la Voie ), le secret pour vaincre le cercle vicieux des causes et des effets (nhân qua). A partir de ce jour, il est doté des pouvoirs surnaturels, se déplaçant avec son épouse, la princesse, en montant sur les nuages ou sur le dos des dragons. Selon la légende, pendant la résistance du Giao-Chi contre les envahisseurs du Nord, le roi Triêu du pays Viêt, 6e.siècle, encerclé, a invoqué le secours du patriarche, qui est venu lui remettre la griffe d’un dragon jaune. Après sa victoire, pour le remercier, un culte lui est dédié chaque année.

Ce génie est bien le premier patriarche du taoïsme Thiên (Zen) Nam ( Sud), dont le jour de célébration est le cinquième jour du huitième mois. Son sanctuaire est à Nhât-da-trach, ( Hung Yên ).

2. La Viên, le « dompteur des vagues » ( Ap lang chân nhân ) :

C’est un religieux taoïste qui a aidé le roi Hung pendant son expédition vers le Sud, en apaisant les vagues au port de Thân Phù, dans la province de Ninh Binh. Ce port, selon la légende, est infesté de poissons-démons, tête de poisson mais de corps humains sans écailles : on racontait que c’était les âmes des fauves qui avaient vécu dans les forêts de Thanh Hoa;

Même une chanson populaire nous est restée sur cette histoire :  » Lênh dênh qua cua Thân Phù : khôn tu thi nôi, vung tu thi chim » (celui qui passe par le port de Thân-Phù, s’il a bien su se perfectionner en religion, sa barque pourra voguer; sinon elle sombrera.)

La période de cet Immortel est changée, d’après une autre légende : à l’époque de la dynastie des Ly ( du 11ème au 13ème siècle ), le roi d’Annam, à la tête de sa flotte, porta lui-même la guerre au royaume de Champa. Au port de Thân-Phù, la tempête s’éleva pendant plusieurs jours, l’empêchant de s’avancer. Apprenant par ses proches qu’il y avait sur la montagne un religieux taoïste capable de dompter les vagues, il lui a fait venir pour réciter des prières. Le moine a garanti au roi que sa flotte pouvait repartir à minuit. Le vent tomba donc et les navires ont pu sortir au large. Mais en se retournant le roi a aperçu de loin le vent et les flots s’élever comme des montagnes, tandis que notre religieux taoïste marchait sur l’eau, tantôt devant, tantôt derrière, à côté, tout naturellement. Personne ne pouvait par contre s’approcher de lui.

Au retour de son expédition victorieuse, le roi Ly est venu jusqu’au mont Thân-Phù pour remercier cet ermite. Ce dernier lui dit :  » je savais que vos vertus étaient importantes, c’est pourquoi vous n’avez pas eu de soucis. C’était les puissances divines qui vous assistaient et non pas moi ».

Le roi lui a décerné le titre de Ap lang chân nhân ou  » l’homme-parfait dompteur des vagues.

3. L’homme-parfait Phu-Khê-Nguyên (Origine des talismans) :

Nom : Dào.

Prénom : Thiên Hoat.

Epoque : au 9ème siècle, sous la dynastie des Tang, en Chine (618-907).

Il est parti en Chine pendant une trentaine d’année, vécu dans un monastère taoïque de Hao Thiên, et retourné au Vietnam après avoir acquis le Dao (la Voie) et les pouvoirs magiques.

4. L’homme-parfait Thông Huyên (Qui a accès aux mystères) :

Il vivait sous le règne du 4ème roi des Ly, au Vietnam : Ly Nhân Tông (1072-1128). Sa réputation d’homme-parfait, c’est à dire ayant accès à la Voie, (le « Dao »), possédant de vrais pouvoirs magiques, était aussi grande que le moine bouddhiste Nguyên Giac Hai.

Selon une légende, ces deux hommes ont guéri chacun, à son tour, la maladie du roi, seulement en évoquant quelques mots mystiques.

Ils sont connus en des termes élogieux :

 » L’esprit de Giac Hai ressemble à la mer. »

 » Le dao de Thông-Huyên est aussi profond. »

 » leurs pouvoirs transcendants leur permettent mille transformations »

 » L’un est immortel, l’autre bouddha. »

5. L’homme-parfait Huyên Vân, (des nuages sombres) :

Sous le règne du roi Trân Du Tông ( 1341-1369), il avait la réputation d’avoir acquis la Voie, ainsi que les formules magiques.

Son refuge était dans la montagne de Miêt Son, au temple Lê-Ky, au Nord de Chi Linh, province de Hai duong, au nord Vietnam. Cette région est célèbre par la beauté de ses montagnes : nui Côn, Phuong-Hoàng, Duoc-son, etc.…. Lieu de retraite des grands personnages dans l’histoire du Vietnam, comme Trân Nguyên Dan, Nguyên Trai…

C’est dans ces lieux que notre homme-parfait préparait ses pilules d’immortalité.

Il disparaissait, un jour, sans que personne ne sache comment, où, et quand.

6. L’homme-parfait de Na-son :

Au 14ème siècle de notre ère, il portait le prénom de Tu-Nua, c’est à dire le moine du mont Nua, où il habitait. A cette époque, sous les Trân, il avait accès au « Dao ». Il avait le don magique de se rajeunir et vivre des centaines d’années.

On racontait qu’à la fin de la dynastie des Lê, au 18ème siècle, des gens ont aperçu ce vieillard sous l’apparence d’un jeune de 10 ou de 20 ans.

Puis au 19ème siècle, sous Minh-Mang, on a vu dans cette province de Thanh-Hoa, le même vieillard au dos voûté, assis dans un cabaret buvant sans arrêt de l’alcool, jamais ivre. Les bruits se répandirent sur cet homme-parfait, mais, à chaque fois, notre homme disparaît subitement sans laisser de trace.

7. L’homme-parfait de Hoàng-Son (de la montagne Hoàng):

Nom : Tu

Prénom : Thuc

Originaire de Hoa-Châu, à Thanh-Hoa, nord Vietnam.

Epoque : sous le règne de Trân Thuân Tông (1388-1398), 12ème roi de la dynastie des Trân

Il était préfet de Tiên-Du, dans la province de Bac-Ninh. A proximité, il y avait une fête de la Contemplation des fleurs, organisée dans un temple très célèbre. Les gens avec leurs montures, équipages, sont rassemblés sous les pivoines. Et là, une jeune fille s’amusait à attirer les branches fleuries, en faisant tomber quelques-unes unes; les gardiens des fleurs l’attrapaient donc. Notre homme Tu-Thuc passait à cet instant par-là et il avait offert de racheter la liberté de la jeune fille ( en fait une Immortelle sous l’apparence d’un être humain) en faisant don de son manteau, de sa ceinture et de ses insignes. Il poursuivra son chemin en se promenant dans la nature, visitant les montagnes, les fleuves du pays : Tông-son, puis Nga-son, pour arriver enfin à la grotte de Bich-dào entourée de hautes parois de rochers. Il rencontra alors un garçon, qui lui apprit la vérité sur la jeune fille : l’Immortelle Giac-Huong.

On a donc surnommé cet endroit « dông Tu-Thuc » : la grotte de Tu-Thuc. Il a ensuite épousé Giac-Huong, qui lui a fait accéder au « Dao ». Mais, toujours selon la légende, plus tard il a quitté la grotte pour reprendre son voyage dans la montagne de Hoàng-Son, où sa disparition a laissé derrière lui le nom de  » l’homme ailé du mont Hoàng  » :  » Hoàng-son vu khach. ».

De cette histoire, les gens du peuple ont jusqu’à nos jours chantés des reproches à cet homme :

« Trach chàng Tu-Thuc vung suy »

« Coi tiên chang o, vê chi coi trân ! »

( Tu Thuc mérite des reproches pour son mauvais calcul : pourquoi ne pas demeurer au pays des immortels pour revenir sur la terre ?).

8. L’homme-parfait Dao Can (racine du Dao) :

Epoque : dynastie des Trân (1225-1400).

Nom : Trân

Prénom : Dao Can.

Originaire de Chi-linh.

Il avait la réputation de pouvoir faire l’abstinence des cinq céréales, c’est à dire ne plus avoir dans sa nourriture que des végétaux et des minéraux et en possession des pouvoirs des Trois Grottes : « Tam dông », c’est à dire les trois principales des sept sections de livres du canon taoïste, à savoir :

  • la communication avec l’intégrité,

  • la communication avec le mystère,

  • La communication avec le divin.

Il faisait partie des Immortels terrestres, qui, selon la tradition, pouvaient retarder les années, mettre un frein au temps, et jouir d’une vie éternelle. Tandis que la deuxième branche des Immortels sont des Immortels célestes ayant les pouvoirs magiques de monter au ciel et voler dans les airs.

9. Le Maître Dao Am ( de l’ermitage Taoïque) :

Il s’agit du 5ème roi de la dynastie des Lê, le roi Lê Thanh Tông (1460-1496), règne de Hông-Duc, un Immortel céleste descendu sur terre.

Ce roi est très cultivé, ayant la science innée. Il avait réformé les institutions du pays et fait régner la paix dans le royaume où, la nuit, personne ne devait fermer les portes de chez soi.

Il avait le titre de Thiên Nam dông chu ( le Maître de la grotte Thiên Nam). Or le nom de Thiên Nam désigne aussi le pays Viêtnam à cette époque.

Il avait aussi le surnom de « Dao Am chu nhân » : le maître de l’ermitage taoïque.

Il avait fondé la première Académie des Lettres au Vietnam, dont les membres étaient choisis parmi les meilleurs fonctionnaires lettrés, avec qui il échangeait des joutes littéraires.

Ses poèmes sont connus comme parmi les chefs d’œuvre de la littérature.

En 1497, le trentième jour du 11ème mois, à 58 ans, il se transforma à la manière des Immortels. Son épée et son talisman sacrés sont portés aussi disparus, vers le pays des immortels.

10. L’homme-parfait An Quôc (qui contribue à la paix du royaume):

Il s’appelait Trân Uyên, et on le surnommait respectueusement Tu-Uyên.

Il vivait sous le règne de Lê Thanh Tông (1460-1496), qui a demandé son aide spirituelle pendant la pacification du Champa, et à son retour triomphal lui a accordé le titre de « An-Quôc », son sanctuaire est le temple de Ngoc-Hô, et Bich-Câu dao quan .

C’est au temple de Ngoc Hô à Hanoi qu’il a fait la rencontre avec une jeune fille habillée de rouge, qui apparaissait et disparaissait sans laisser de trace. Il rentrait après dans sa maison de lecture dans le quartier de Bich-Câu, pensait sans cesse à cette étrange rencontre et à la « possibilité de rencontrer des immortels et de le devenir ».

Un jour, cette jeune fille, sous la même apparence, apparut dans sa maison. Il conversa et elle lui dévoila son identité :  » Je suis Ha Giang Kiêu, une Immortelle du pic du sud «, ( c’est le pic Hanh-Son du mont Hoành-Son, ou Dèo-Ngang, au sud de Ha-Tinh). Et elle continua :  » vous avez des affinités avec le Dao, donc il est possible de vous transmettre le secret des pilules de l’immortalité ( le secret du cinabre ). C’est seulement pour cette raison que j’ai reçu l’ordre de venir vous aider. »

Notre homme en fut tout content et se mit à l’étude pendant trois ans et il reçut le « Dao ».

Un jour, en présence de deux grues blanches, avec sa femme et son fils aîné, il accomplit l’ascension, devant l’émerveillement de tout le monde.

Les hommes ont édifié un temple à l’emplacement même de sa demeure : le Bich-Câu dao qua, un temple taoïste à Hanoi.

11. L’homme parfait Lôc-Giac ( aux cornes de cerf):

Originaire de Cao-bang, cet homme issu d’une famille pauvre, fait le dur travail de bûcheron mais sa grande piété filiale lui aidera à devenir immortel.

Un jour, sa mère avait envie du lait de biche ( c’est un lait très prisé depuis l’antiquité ), et il ne savait comment en obtenir. Il se rendait dans la forêt pour crier fort sa désespérance et se mettait à pleurer. Soudain, un vieillard est apparu :  » si tu veux du lait de biche, il faut te couvrir d’une peau de cerf « . Il se couvrait donc d’une peau de cerf et allait chercher le précieux lait pour sa mère.

Le vieillard, touché par la piété filiale de cet homme, lui a communiqué les recettes pour devenir Immortel.

Après la mort de sa mère, il se rendit dans la forêt et personne ne le retrouva.

Son fils, parti à sa recherche dans la forêt, vit un cerf venir lui parler la langue d’homme :

-  » Je me suis métamorphosé et ne pourrai reprendre ma forme originelle. Maintenant, je te donne une corne. Tu l’attache par une corde. Tu la traîneras jusqu’à l’endroit où elle s’accrochera. Tu laboureras cet endroit et tu en auras suffisamment de nourriture. »

La famille du fils deviendra, en effet, plus aisée.

12. L’homme parfait de Hông Son (des monts Hông):

Son nom est Pham, et prénom : Viên, originaire de An-bai, de la province de Nghê An. Pham Viên est le fils d’un grand mandarin « ta thi lang », au 17ème siècle, sous la dynastie des Lê.

A Nghê An se dressent les 99pics des monts Hông, où se trouve la fameuse pagode Huong Tich.

Selon la légende, dans l’ancien temps, il y avait 99 phénix venir poser ses pieds dans ces montagnes pour former ces 99 pics. On raconte aussi que cet endroit a été choisi par la bodhisattva Guan-Yin pour y venir pratiquer sa religion.

Pham Viên avait la réputation d’être un gentilhomme lettré, de caractère noble et épris de liberté. Il aimait traîner ses pas dans des lieux les plus beaux, les monts et les fleuves de sa région, faire des poèmes et s’abreuver d’alcool. Mais il aspirait tellement à quitter ce bas monde, qu’il parvenait à avoir la rencontre miraculeuse d’avec un vieillard aux yeux étincelants de lumière noire, qui lui dit :

-  » J’habite au Nord du fleuve Rouge. Je suis de passage ici pour cueillir des plantes médicinales. Passez me voir plus tard, demander le vieux Thân et j’aurai quelque chose à vous dire « . Pham Viên acquiesça et tous les deux se séparèrent.

Quelques années après, Pham Viên allait rendre visite à des amis dans la capitale. Il traversait le fleuve Rouge et se dirigeait vers le Nord, pour arriver à une grotte servant d’ermitage au vieillard avec des yeux étincelant de lumière.

Assis à côté d’un feu, en tenant dans sa main un bâton, le vieillard lui dit :  » Cela fait longtemps que je vous attendais. Ici, dans cette montagne il n’y a rien, sinon un sac de vieux livres pour me distraire ».

Pham Viên sortit les livres et commença la lecture. Il sentait en lui une certaine légèreté et avait l’impression de se libérer de son corps vulgaire.

Plusieurs mois passèrent et un jour le vieillard lui rappela qu’il devrait rentrer à la maison s’occuper de ses parents encore vivants. Avant de se séparer, le vieillard lui remit un précieux livre : le  » Hoàng dinh kinh  » ( c’est le plus ancien traité de médecine et d’hygiène taoïste conservé jusqu’à nos jours, dans lequel on peut trouver également les recettes ou méthodes pour les pratiques de méditation contemplative ).

Grâce à ce livre, Pham Viên accéda aux pouvoirs transcendants.

La légende nous dit qu’on le voyait de temps en temps par-ci, par-là, en train de chanter, de boire, avec son ami d’enfance Nguyên Hung Hàn, ou en voyage aux bords des fleuves, ou dans les forêts en train de s’amuser avec les tigres….

D’autres personnes racontaient avoir vu un vieillard s’appeler Pham descendre du ciel sur le dos d’un mulet; soit en train de lire sur un rocher, mais dans un instant il s’éleva en l’air pour disparaître.

Une autre fois, on a vu à la porte de Dai-hung ( l’une des 4 portes de la citadelle Thang-long), un vieillard en train de boire du thé mais sans avoir de l’argent en poche. Le marchand protestant violemment, un homme assis à côté régla la note pour lui. Le vieillard très reconnaissant, demanda à l’homme quel était son métier.

- « Je vends des feuilles de teinture d’indigo. En ce moment, c’est la grande sécheresse, l’herbe se dessèche. Je suis à bout de ressources. »

- Le vieillard lui dit:  » venez avec moi, je vous montrerai un endroit où poussent de très bien les arbres d’indigo aux feuilles touffues « .

Ainsi, sera-il récompensé par le vieillard, qui fait porter jusqu’à son domicile de nombreux fagots de feuilles d’indigo.

Une autre fois, il a aidé une jeune fille, marchand de vin, à vendre son alcool à haut prix, en l’emmenant vers une ville des deux familles s’apprêtaient à fêter un mariage, sans avoir de vin. Elle a pu, ainsi, faire écouler tout son stock de vin au meilleur prix.

Mais à chaque fois, après une bonne action, le vieillard disparaît, sans laisser de trace.

Un jour, il a aidé un amateur de géomancie, son nom est Dô.

Il l’a emmené dans les montagnes de la chaîne Hông-Linh, et lui montra la carte des sites géomantiques:  » les terrains fastes sont des choses précieuses de la nature. Il ne faut pas en disposer avec égoïsme, ni les convoiter à tort. Autrement, vous offenseriez les esprits de la montagne.

Dans l’antiquité, on dit que « les foyers géomantiques sont dans le cœur des gens et non dans la montagne « . Pensez-y « .

Et il disparaît…. Puis il réapparaît, des fois sous la forme d’un vieillard, d’autres fois sous la forme d’un autre personnage, pour se rendre ici et là, faire des poèmes, boire jusqu’à l’ivresse, pour passer des concours provinciaux, transmettre à certains les secrets de l’immortalité.

Sa notoriété parcourt les 99 sommets des monts Hông;

13. L’homme-parfait Thành Dao ( parvenu au Dao ):

Il vivait à l’époque des Tây-Son (1788-1802). Mais il ne voulait pas poursuivre une carrière mandarinale, préférant goûter aux beautés de la nature, errer dans les montagnes et les fleuves.

C’est dans les monts Hông-Linh, qu’il rencontra l’homme-parfait Pham-Viên, qui l’invita à entrer dans les eaux de la mer. Au milieu des vagues immenses, surgit un sentier étroit et tortueux, par lequel ils arrivèrent au sommet d’une montagne. C’est là que l’on fait apporter du vin et surtout de grosses pêches, exquises, inexistantes ailleurs. Il est interdit, par contre, d’emporter les noyaux de ces pêches.

Notre homme a bien bu et goûté à ces fruits. Il cacha quand même un noyau sous son habit. Sur le chemin du retour, il a dû passer toute une demi-journée à tourner en rond, sans pouvoir trouver la sortie. Il jeta donc par terre ce noyau, et retrouva le vieillard Pham-Viên en train de l’attendre sur le bord du chemin. Pham-Viên lui confia alors un livre, dans lequel les recettes d’immortalité et les pouvoirs de l’homme-parfait sont inscrits.

Depuis cette rencontre, notre homme se nomme « Thành Dao Tu ».

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