Histoire et philosophie du caodaisme (7)

Mise à jour 2012-05-18 10:17:26

Thuong-Tuong-Thanh les considéra comme de véritables religieux et les prit sous sa protection. Cependant, ils incendièrent à plusieurs reprise la maison qu’ils habitèrent et causèrent, par leur hérésie, des troubles à tel point que le Pape se vit obligé, en 1932, de les faire évacuer hors du Saint-Siège. Ils allèrent construire un pagodon sur une terre contiguë à celle du Saint-Siège. Ainsi, c’était pour Thuong-Tuong-Thanh un des sujets de mécontentement contre le Pape.

Le chef de ce groupe, nommé Diên, se fit appeler Nguyên-Soai ( Général ) ; il fut à trois reprises dirigé sur l’asile des aliénés à Biên-hoà où, après quelques jours d’observation, on le relâcha parce que c’est un  » aliéné inoffensif « .

Une nuit, vers fin 1932, toute la bande vint au Saint-Siège et tenta de monter sur les fauteuils des Pape et Cardinaux parce que, disaient-ils, ils furent sanctifiés en Bouddhas vivants.

Actuellement, ils ne sont qu’une trentaine ( hommes, femmes et enfants compris ) et continuent leur vie hérétique.

De temps à autre ils créent une histoire qui fait la risée publique et le Saint-Siège de Tây-ninh en pâtit parce qu’on les prend pour des Caodaïstes.

De la tragédie comme on voit…

Mais le souci de la vérité nous contraint d’ajouter que certains dignitaires passés à la dissidence, furent ipso facto des parjures. Ils ont trahi les serments prêtés et les divers engagements souscrits librement par eux. Or, il n’est pas de vie civilisée, encore moins sainte, sans le respect ( coûte que coûte ) de la parole donnée, sans la fidélité ( si dure soit-elle ) à la signature apposée. Du séducteur par promesse de mariage ( tant pis pour toi ! ) à l’agresseur qui viole les traités les plus solennels et les plus sacrés qu’il a souscrits, en passant par le débiteur négligent ou malhonnête, c’est le retour à la sauvagerie, le retour à la barbarie ! Les dignitaires, moins que les adeptes, ne sauraient être lavés d’une souillure aussi tartuffe, aussi criminelle.

SAGESSE ORIENTALE

Religio, la Rivista di Studi Religiosi que dirige Ernest Buonainti, à Rome, a consacré aussi un article au Caodaïsme, M. G. Mingiano écrit ( p. 478 ) :

Victor Hugo et les Caodaïstes. – Un de mes amis qui fait un voyage en Extrême-Orient, m’écrit de Sài-gon :  » Sais-tu que Victor Hugo a été déifié ? C’est une secte de Cochinchine, dite Dai-Dao-Tam-Ky-Phô-Dô, qui a eu l’étrange idée d’attribuer au grand poète français les honneurs divins. Qu’en dis-tu ?  » Alors qu’en France il a fallu instituer un référendum pour savoir quelle serait la matière la plus digne de fêter le cinquantenaire de Victor Hugo, alors que les diverses cérémonies qui se sont déroulées au Panthéon, à la Sorbonne, à Guernesey, se sont maintenues dans la stricte banalité des honneurs officiels, voici qu’une secte religieuse de Cochinchine décerne au Poète les honneurs divins et l’inscrit dans la Légion des Génies. Ainsi un homme a été appelé aux honneurs de l’autel ( ou presque ), qui, dans son célèbre testament, niait toute valeur et tout contenu religieux aux Église constituées et acceptait seulement la prière des humbles(1).

 » Donnons au geste des caodaïstes sa juste proportion : la glorification du génie humain entendu comme expression de la lumière divine ; la glorification de la Poésie, entendue comme expression humaine de la divine Harmonie. Forme de glorification qui s’encadre naturellement dans les conceptions fondamentales de cette nouvelle confession religieuse qui, en moins de dix années de vie, a su grouper près d’un million d’adhérents.

 » J’ai connu à Paris, vers la fin de 1931, un étudiant de Phnom-Penh qui fréquentait la faculté des lettres à la Sorbonne. Il était caodaïste. J’appris par lui que le Dai-Dao-Tam-Ky-Phô-Dô – qui signifie précisément Caodaïsme – fut fondé en novembre 1925 et représente une synthèse des trois grandes religions orientales : Bouddhisme, Confucianisme et Taoïsme, lesquels unis au Christianisme et au  » culte des génies « , représentent les cinq grandes voies que Cao-Dài ( l’Être Suprême ) a ouvertes à l’humanité pour son développement et son évolution spirituelle. Comme on voit, l’Islam ne trouve pas place parmi les chemins qui mènent au Très-Haut. Le Christ, au contraire, est considéré par les caodaïstes comme un Envoyé du Seigneur à une partie de l’humanité, pour la guider le long de la voie de la perfection, voie adéquate à sa capacité de compréhension des valeurs spirituelles.

 » Le sens de profonde vénération avec lequel ce jeune étudiant indochinois prononçait le nom du Christ, le respect avec lequel il me parlait des rites chrétiens dont il connaissait la signification occulte, furent pour moi – je l’avoue – la plus haute, la plus efficace leçon de tolérence, en même temps qu’un exemple de vraie fraternité en un Aire Supérieur, auquel la diversité des noms avec lesquels les hommes l’invoquent, ne changent en rien le visage toujours rayonnant d’amour.

 » Les caodaïstes se divisent en deux catégories : La première comprend tous les ecclésiastiques, du  » pontifex maximus  » au dernier novice, tous astreints à un sévère régime de chasteté, de pauvreté et de frugalité ( ils se nourrissent exclusivement de légumes et de fruits ), rigoureusement observé. Le corps sacerdotal est à la base initiatique et comprend sept grades d’initiation : le plus élevé, celui des  » frères aînés « , a le privilège exclusif de communiquer avec les  » Messagers de Dieu « , hauts esprits de lumière dont ils reçoivent énergie, enseignements et conseils.

 » Dans la seconde catégorie, est comprise toute la masse des fidèles, lesquels, outre les devoirs bouddhiques, doivent observer l’humilité, l’honnêteté, le respect de l’autorité partout où elle s’exerce, et, enfin, l’obéissance aux autorités religieuses.

 » Le culte ne consiste guère que dans les prières en commun auxquelles les fidèles sont convoqués devant un autel sur lequel est placée une grande sphère transparente qui contient le feu sacré. Sur la sphère le triangle, symbole de la perfection et de la composition des énergies divines ; dans le triangle, œil ardent de l’Éternel.

 » Dans cette religion, deux aspects sont, à ce qu’il me semble, des plus originaux :

 » Le premier est celui-ci : Pour être caodaïste, il n’est besoin de faire aucune profession de foi, il n’est besoin de se lier par aucun serment : la liberté de conscience y est souveraine. L’institution vit et prospère, non de la volonté contrainte de ses adeptes, mais de leur libre consentement, de leur adhésion spontanée et volontaire. Il en résulte qu’aucun anathème n’accueille, ni n’accompagne celui qui décide de tenter une autre voie. La prière de tous, au contraire, lui rend plus facile son nouvel effort. Et cela, parce que les caodaïstes, non seulement reconnaissent, mais sentent que la vie terrestre, la vie dans le temps et l’espace, est une épreuve, un essai, une expérience, que chacun doit réaliser afin de faire un pas en avant sur la voie de Cao-Dài, le Très Haut. Et chacun est en droit de choisir sa route. La recherche de la richesse, la conquête et l’extension de la revue Religio fait suivre cet article de M. G. Mingiano de ces lignes intitulées : Sagesse Orientale, qui le bouclent merveilleusement :

 » Pai-Te-Tien était un poète chinois. Étant gouverneur d’un district, il se rendit en visite auprès d’un sage, un grand disciple de la secte Zen, qui avait élu domicile dans les branchages d’un arbre. Pai l’apercevant, s’écria :  » Quelle habitation périlleuse, que cet arbre !  » A quoi le sage répliqua :  » La vôtre est bien plus périlleuse que la mienne !

 » Et il s’ensuivit ce dialogue :  » Je suis gouverneur du district, je ne vois pas quel dangers je cours ! – Alors, vous ne vous connaissez pas vous-même ! Quel péril plus grand peut-il avoir, que les passions qui vous brûlent et votre esprit qui se trouble ?-Quel est l’enseignement du Bouddhisme ? – Ne pas faire le mal ; pratiquer le bien ! – Mais cela, un enfant de trois ans le sait ! – Oui, un enfant de trois ans le sait, mais un vieillard de 80 ans comme moi ne réussit que difficilement à l’appliquer ! « 

 » Han Shan, poète, était un pur fou, qui se rendait au Monastère Kouch’ing pour recueillir les résidus des repas et s’en nourrir. Les moines se moquaient de lui comme d’un pauvre fou, innocent et sans danger. Un jour, dans son ermitage, Han Shan exclama :  » Je pense à toutes ces années passées durant lesquelles je me rendais tranquillement au Kouch’ing, où tout le monde me voyant disait :  » Han Shan est un fou !  » Je réfléchis, à présent : Suis-je un fou ? Je ne réussis pas à résoudre le problème, ne connaissant pas moi-même mon propre moi. Et alors, comment les autres pourraient-ils me connaître mieux que moi ? « 

 » Ne pas être un homme ami du bavardage, afin de trouver de Dieu dans le silence. Prie, le cœur plein de désir, mais sans prononcer une seule parole. Alors Dieu pourvoira à tes besoins et entendra ta voix, et accueillera ton offrande. Comme un puits dans le désert dont l’eau est si douce à celui qui brûle de soif, la divinité est fermée à qui parle, ouverte à qui observe le silence.

PRÉCISIONS DOCTRINAIRES

Un de nos bons frères caodaïstes, M. Gabriel Abadie, de Lestrac, un peu mieux renseigné que nos grands journalistes de Paris (  » Ville-Lumière  » ), consacra dans Vu ( 7-9-32 ) un article documentaire et illustré au Caodaïsme. A la différence de ceux qui s’engraissent au service de l’erreur et du mensonge, G. Abadie peut prouver combien il a souffert en s’engageant à dire la vérité sur le Caodaïsme.

 » Au début de l’année 1926, dans un  » compartiment  » situé aux abords des Halles Centrales se réunissaient à Sài-gon quelques jeunes lettrés, tous bouddhistes, qui cultivaient à leurs moments perdus le spiritisme. L’idée leur était venue des séances de tables tournantes en écoutant les révélations d’un de leurs maîtres, spirite convaincu et délégué de la plus importante société de France.

Les débuts ne furent pas concluants, mais peu à peu, avec l’extrême patience caractérisant les Orientaux, en éliminant ceux qui ne possédaient pas de  » fluide « , en les remplaçant par des camarades mieux doués, ils enregistrèrent, paraît-il, d’extraordinaires résultats.

Ils furent, au début, mis en communication, avouent-ils, avec l’esprit de l’un des sages de l’Antiquité chinoise, Ly Thai Bach ou plus communément Li Tai Pé, l’Homère chinois, celui qui rénova les lettres sous la treizième dynastie Tang ( 713-742 ) et fut un fervent Taoïste, leur dicta quelques messages. De même en aurait-il été de Quan-Thanh-Dê-Quân, le Turenne chinois. Aussi ce qui sembla d’abord à ces néophytes du spiritisme, un amusement, devint rapidement une occupation mystique : la conversation avec les esprits supérieurs de l’Au-Delà auxquels ils demandaient conseil.

Mais l’emploi de la table tournante pour correspondre avec le monde occulte leur semblant peu pratique, ils s’en ouvrirent à l’Esprit qui leur conseilla la corbeille à bec, sorte de casque en rotin, et du même coup de s’inspirer de la sagesse d’un de leurs compatriotes, le Phu Chiêu, très versé en spiritisme. Celui-ci qui suivait la doctrine de Bouddha Gaudhama et pratiquait la morale de Confucius leur apprit qu’il était en relations depuis plusieurs années avec les Esprits dont il avait obtenu une révélation : l’existence d’un Être suprême, souverain de l’Univers et qui était Cao-Dài. Il enseigna aux jeunes gens l’usage de la corbeille à bec et participa à leurs séances de spiritisme.

Sur les suggestions de l’Esprit, ils se mirent en rapport avec un de leurs compatriotes, ancien mandarin cochinchinois et membre du Conseil du Gouvernement, Lê Van Trung, que, cependant, une vie de dissipation et de jouissances effrénées ne prédisposait pas au rôle qu’il allait être appelé à jouer.

La conversion de Lê Van Trung fut miraculeuse. Touché par la grâce, l’opiomane ne fuma plus, le buveur s’abstint de consommer son alcool favori, l’homme cessa de se nourrir de viandes, de poissons, abandonna les plaisirs de la chair, devint un végétarien, et pratiqua l’ascétisme des bonzes les plus austères. Ce fut dans une suivante et mémorable réunion de spirites que la corbeille à bec enjoignit à Lê Van Trung d’entreprendre la propagation du Caodaïsme et lui confia le titre de Pape de la religion nouvelle. « 

Au sujet de l’universalité du Caodaïsme, notre frère explique fort bien le sens de Cao-Dài :

 » Cao-Dài est le nom symbolique de l’Être suprême qui, pour la troisième fois, se serait révélé en Orient.

L’opinion des adeptes de la nouvelle foi est que Dieu, adaptant son enseignement aux progrès de l’esprit humain, plus affiné que jadis, se serait cette fois manifesté par la voie des médiums, ne voulant accorder à aucun mortel le privilège de fonder le Caodaïsme. Cette forme nouvelle de manifestation de l’Être suprême viendrait de ce que toute religion soumise à l’autorité d’un fondateur humain est impropre à l’universalité, attendu que ses prophètes s’élèvent contre les vérités proclamées par d’autres fois religieuses, à l’égard desquelles ils témoignent une intolérence marquée.

La doctrine caodaïste est, en grande partie, tirée des trois principales et plus vieilles religions de l’Orient : le Bouddhisme, le Taoïsme, le Confucianisme. Elle en retient les purs principes reconnus comme étant les vérités éternelles, immuables de la Loi Divine. Mais elle entend rétablir dans leur véritable sens certains dogmes qui lui paraissent déformés.

Ainsi refondue, cette doctrine concilie toutes les convictions religieuses et s’adapte aux divers degrés de l’évolution spirituelle.

Au point de vue moral, elle rappel à l’homme ses devoirs, ses obligations, lui enseigne à savoir se comporter vis-à-vis de lui-même, de sa famille, de la société, de l’Humanité tout entière.

Au point de vue philosophique, elle prêche le mépris des honneurs, de la richesse, du luxe, en un mot, l’affranchissement des servitudes de la matière pour chercher dans la spiritualité la pleine quiétude de l’âme.

Au point de vue cultuel, elle recommande l’adoration de Dieu et la vénération des esprits supérieurs qui constituent l’Auguste Hiérarchie occulte. Elle admet le culte des Ancêtres, érigé en principe par Bouddha, mais s’oppose par contre aux offrandes carnées et à l’usage des papiers votifs.

Au point de vue spiritualiste, elle est d’accord avec d’autres religions, sur l’existence de l’âme, sa survivance à l’enveloppe physique, son évolution par réincarnations successives, les conséquences posthumes des actions humaines réglées par la loi de Karma.

Au point de vue de l’initiation, elle prêche, à ceux des adeptes qui en seront jugés dignes, les enseignements révélés pour leur permettre, par un processus d’évolution spirituelle, d’accéder aux ravissements de la béatitude.

La base de la doctrine caodaïste est la pratique du bien et de la vertu. Comment saurait-il en être autrement dans une religion qui amalgame les trois grands systèmes de l’Orient : confucianique, bouddhique et taoïste, pour n’en retenir que les enseignements les plus élevés et éliminer les préceptes tardigrades considérés comme facteurs de superstitution et d’ignorance ?

I. – Le Miséricordieux Bouddha prêcha la dévotion et la charité.

II. – La Doctrine taoïste prescrivait le culte du vrai et la discipline du caractère.

III. – Le Sage Confucius avait tracé la voie du Juste Milieu.

Cao-Dài réunit les grands principes d’amour et de bonté enseignés par les Trois-Saints, prêchant ainsi la nouvelle religion où les hommes de toutes les couleurs doivent aboutir par des disciplines neuves à la création d’un monde meilleur, d’un monde d’où seraient exclues les guerres et les conquêtes et où les races fraterniseraient. « 

Notre frère répond à l’onjection de certain journaliste que Jésus-Christ ne serait là qu’une divinité de seconde zone :

 » Le Christ sert de trait d’union entre le Confucianisme, le Taoïsme et le Bouddhisme. S’il est placé au-dessous des divinités extrême-orientales, c’est parce qu’il est venu au monde plusieurs siècles après. « 

En 1932, M. G. Abadie prévoyait déjà la longue et douloureuse suite de brimades et de persécutions qui allaient être déchaînées et auxquelles il ne devait pas échapper, lui non plus :

 » La nouvelle religion ou Bouddhisme rénové n’a suscité, en raison de la tolérance proverbiale des peuples d’Extrême-Orient, aucune querelle entre le culte ancien et le culte réformé, attendu qu’elle n’a pas l’intransigeance de déclarer que hormis sa morale et sa doctrine il ne pouvait y avoir qu’erreur et châtiment. Elle témoigna au contraire son respect aux religions dont les enseignements lui semblèrent dignes de vénération et elle n’hésita point aux côtés de Bouddha, Lao-Tseu et Confucius, à mettre en honneur l’image du Christ, voulant répandre une morale dont l’origine lui souciait moins que la valeur intrinsèque. Il n’en reste pas moins que le fonds de son dogme est la loi des Trois-Saints ( Bouddha, Lao-Tseu, Confucius ) dont elle a conservé les vielles croyances, les habitudes et les fêtes rituelles.

On a pu se demander, ces dernières années surtout, quelles pouvaient être les causes profondes qui poussaient l’âme indigène, jusque-là en sommeil, vers une religiosité atteignant au fanatisme mystique des périodes de Foi.

Pourquoi ce renouveau religieux ? se demandera-t-on.

La doctrine caodaïste tend à une action sociale et morale en faisant reprendre au peuple annamite, sous la conduite de ses élites, le goût traditionnel de son existence simple, frugale et prévoyante.

Aussi peut-on s’étonner de voir la France, ou plus exactement quelques officiels trop zélés et certainement mal inspirés prendre parti contre les hérétiques de la religion païenne réformée au profit, semble-t-il de l’ancienne croyance qui, d’ailleurs, ne le demande pas, et exiger que la doctrine orthodoxe du vieux Bouddhisme soit respectée sans changement, ni évolution d’aucune sorte qui s’adapte à des conditions plus nouvelles.

L’explication de la campagne menée contre le Caodaïsme se trouve dans l’engouement que suscite la religion rénovée dont le nombre des fidèles est en Cochinchine, par exemple, de plus d’un million sur trois millions et demi d’habitants.

L’ancien gouverneur de Cochinchine Blanchard de la Brosse est aujourd’hui voué aux mémonies pour avoir déclaré viable, et autorisé cette religion dans le ressort de sa circonscription. Mais l’alarme est donnée et une croisade est entreprise contre les hérétiques. « 

Le Cygne ( Bach-Nga, près de Hà-nôi ) a publié une série d’articles : Le vrai visage du Caodaïsme ( 9-1936 ), d’où nous détacherons seulement les passages les plus curieux. Ce fut, comme le titre l’indique, un reportage objectif. Nous ne saurions en faire un meilleur compliment, car la Vérité est aussi le service de Dieu.

 » Que mes amis lecteurs se rassurent ! Au lieu de faire la moue en lisant le sujet de cette enquête, de me toiser d’un œil étonné, sceptique, ou moqueur, de murmurer contre moi des imprécations, qu’ils écoutent avec calme les confidences d’un homme qui, comme eux, comme presque tous les intellectuels tonkinois, ridiculisait volontiers une religion nouvellement née dans son propre pays, tout simplement parce qu’il n’y avait rien compris.  » Nouvellement née  » n’est pas tout à fait le mot : d’après le calendrier caodaïste, l’Humanité est en l’an X de la 3è Amnistie de Dieu en Orient ; c’est dont depuis dix ans que cette religion a fait école.

Un sociologue averti doit remarquer que dès le premier quart de ce siècle, l’Annam subit une brusque secousse. Il y eut bouleversement total dans sa destinée de peuple, dans sa pensée et dans sa foi. Le retour des deux Pham annonça le premier symptôme de cette fièvre qui s’accroît chaque jour.

Au point de vue politique, c’est la révolution dans tous les esprits et dans tous les cœurs. Au point de vue économique, c’est le développement intensif des industries, la formation des coopératives et les syndicats ; au point de vue littéraire, c’est la réforme radicale de la langue, l’introduction de nouveaux concepts en Poésie et en Art, et jusque dans le domaine religieux, c’est la naissance d’une nouvelle Foi.


Oui, peut-être ! mais n’oublions pas que Victor Hugo fut spirite, et que l’influence du spiritisme sur lui fut telle que sa vie se divise en deux parties : Avant et Après l’adhésion au spiritisme.

Puissance matérielle, sont condamnées par les caodaïstes, car pour eux aussi, le Royaume de dieu n’est pas de ce monde. Mais c’est pour eux un devoir et un droit tout à la fois que la solidarité dans le temps, l’assistance matérielle et morale. Et c’est la raison d’être du second aspect original du Caodaïsme : Du point de vue civil, ou mieux pour son action sociale, le Caodaïsme a des institutions spéciales d’artisanat, d’enseignement, de relations avec l’extérieur, d’agriculture, etc., de façon à intensifier une œuvre de prévoyance et d’assistance, coordonnée et efficace.  »

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