Histoire et philosophie du caodaisme (2)

Mise à jour 2012-05-18 10:24:44

Le transfert du temple de Go-ken à Long-thành eut lieu en mars 1927. Le nombre des adeptes continuait à augmenter considérablement. Le mouvement des pèlerins au nouveau temple provisoire mérite d’être noté : c’était par milliers qu’on les y recevait chaque jour.

Comme toutes les autres religions à leur début, le Caodaïsme a aussi des adversaires dont les critiques, souvent trop passionnées, ne sont pas toujours dictées par un esprit suffisamment objectif.

Cependant, les dirigeants caodaïstes, obéissant aux instructions du Grand Maître, s’efforcent de se maintenir et de se perfectionner dans la Grande Voie en ayant uniquement en vue le bien moral et spirituel de l’humanité. C’est la seule réponse qui leur soit permise aux attaques dont ils sont l’objet, car tout vrai caodaïste réserve à lui-même sa sévérité.

Enfin, après quatre années d’existence, le Caodaïsme compte déjà un demi-million d’adeptes. Et malgré les multiples obstacles semés sur son chemin, il continue toujours sa marche triomphante vers le but que Dieu lui assigne : la régénération de l’humanité dans la paix universelle.

Sources de la doctrine du Caodaïsme.

L’Inde illustrée en donne le raccourci que voici :

 » Cao-Dài est le nom symbolique de l’Être suprême qui, pour la troisième fois, se serait révélé en Orient. L’opinion des adeptes de la nouvelle foi est que Dieu, adaptant son enseignement au progrès de l’esprit humain, plus raffiné que jadis, se serait cette fois manifesté par la voie des médiums, ne voulant accorder à aucun mortel le privilège de fonder le Caodaïsme.

 » Cette forme nouvelle de manifestation de l’Être suprême viendrait de ce que toute religion soumise à l’autorité d’un fondateur humain, est impropre à l’universalité, attendu que ses prophètes s’élèvent contre les vérités proclamées par d’autres Religions à l’égard desquelles ils témoignent une intolérance manifeste.

 » La Doctrine caodaïste est une fusion des plus vieilles religions de l’Orient : Bouddhisme, Taoïsme et Confucianisme.

 » Dans un message transmis le 13 janvier 1927, en présence de quelques Français, Ly Thai Bach, un des Ministres de Dieu, aurait exposé cette doctrine. Nous y détachons les lignes suivantes :

 » Les saintes doctrines des diverses religions sont mal pratiquées. L’ordre et la paix du temps jadis s’effacent. La loi morale de l’humanité est trahie. Pour les irréfléchis et les sceptiques, Dieu n’existe que par le mot. Ils ignorent qu’en ce lieu suprême règne un Personnage, Maître souverain de tous les événements de l’Univers et de toutes les destinées humaines. « 

 » Autrefois, les peuples ne se connaissent pas et manquaient de moyens de transports. Je fondai alors, à différentes époques, cinq branches de la Grande Voie ( Dai-Dao ) :

1 – Nhon-Dao : le Confucianisme ;

2 – Thân-Dao : le Khuong Thai Công, culte des Génies ;  »

3 – Thanh-Dao : le Christianisme ;  »

4 -Tiên-Dao : le Taoïsme ;  »

5 – Phât-Dao : le Bouddhisme.

  » Chacun basé sur les us et coutumes des races appelées particulièrement à les pratiquer.

Aujourd’hui, toutes les parties du monde sont explorées : l’humanité qui se connaît mieux, aspire à une paix réelle. Mais à cause de la multiplicité même de ces religions, les hommes ne vivent pas toujours en harmonie les uns avec les autres. C’est pourquoi j’ai décidé de réunir toutes ces religions en une seule pour les ramener à l’unité primordiale.

 » Au surplus, la sainte doctrine de ces religions a été, à travers les siècles, dénaturée par ceux-là mêmes chargés de la répandre, à tel point que j’ai pris aujourd’hui la ferme résolution de venir moi-même pour vous indiquer la voie à suivre… « 

Dans ce même message spirite du 13 janvier 1927, Ly Thai Bach dit encore :

 » Chers frères, le Christ miséricordieux est venu parmi vous pour vous tracer le chemin du bien. Tâchez de le suivre pour avoir plus tard la paix de l’âme ; avancez chaque jour d’un pas alerte dans l’amour de Dieu. Unissez-vous, aimez-vous les uns les autres, aidez-vous mutuellement, c’est la loi divine.

 » En ce moment, où chacun est condamné à subir son purgatoire, si l’on ne pense qu’à ses intérêts personnels, si l’on cherche à semer partout misères et souffrances, on risquera d’être entraîné dans ce torrent infernal où le méchant va briser sa vie et souiller son âme. « 

En réalité, le Caodaïsme ou Dai-Dao est la religion la plus simplifiée qui existe de nos jours, en ce qui concerne la pratique même du culte ; il se borne à demander à ses adeptes d’adresser des prières quotidiennes à Cao-Dài, soit chez eux, soit dans les oratoires ; pas de confessions ( les évocations spirites étant d’un maniement délicat et dangereux, sont réservées au sacerdoce ), ni de communications. Le nombre de prêtres réduit au strict nécessaire pour prêcher, de temps à autre, la sainte doctrine, exhorter les fidèles à pratiquer la vertu de l’humanité telle que la concevait Confucius. S’il n’existe pour elle qu’un seul Dieu, l’Être suprême, elle recommande à ses adeptes de suivre la morale chrétienne pure, la morale de Confucius qui n’en diffère pour ainsi dire pas.

Elle recommande de vénérer les Esprits supérieurs qui furent les bienfaiteurs de l’humanité à diverses époques ; le Christ, pas plus que le Bouddha Gautama, que Confucius, que différents Génies de l’antiquité chinoise, ne sont oubliés dans les prières.

Les dignitaires du Caodaïsme ont, en principe, interdit les évocations des Esprits à la masse des fidèles pour éviter aux médiums de devenir professionnels et d’abuser de la crédulité de la foule mystique. La corbeille à bec est voilée dans les oratoires. Mais les médiums inspirés continuent d’être entendus par les croyants. Il serait donc – à mon avis – injuste de déclarer trop vite que les fondateurs de la religion caodaïste veulent mettre la lumière sous le boisseau et se réserver le monopole du contact avec l’invisible. Il suffit au pratiquant de s’élever pour acquérir le droit à une initiation plus complète. A certains égards, c’est l’attitude de l’Église catholique vis-à-vis du spiritisme.

PRINCIPES FONDAMENTAUX

La doctrine caodaïste tend non seulement à concilier toutes les convictions religieuses, mais encore à s’adapter à tous les degrés de l’évolution spirituelle :

1 – Au point de vue moral, elle rappelle à l’homme ses devoirs envers lui-même, envers sa famille, envers la société, qui est une famille élargie, puis envers l’humanité, la famille universelle ;

2 – Au point de vue philosophique, elle prêche le mépris des honneurs, de la richesse, du luxe, en un mot l’affranchissement des servitudes de la matière pour chercher, dans la spiritualité, la pleine quiétude de l’âme ;

3 – au point de vue cultuel, elle recommande l’adoration de Dieu, notre Père à tous, et la vénération des Esprits supérieurs qui constituent l’Auguste Hiérarchie occulte. Admettant le culte national des ancêtres, elle proscrit les offrandes carnées ainsi que l’usage des papiers votifs ;

4 – au point de vue spiritualiste, elle confirme, d’accord avec d’autres religions et avec les systèmes de philosophie spiritualiste et psychique, l’existence de l’âme, sa survivance au corps physique, son évolution par réincarnations successives, les conséquences posthumes des actions humaines réglées par la loi de karma ;

5 – au point de vue initiatique, elle communique à ceux des adeptes qui en seront dignes, les enseignements révélés qui leur permettront, par un processus d’évolution spirituelle, d’accéder aux ravissements de la béatitude…

Les adeptes .

Ils sont de trois sortes :

1. – Les religieux proprement dits, les hauts dignitaires qui sont astreints à mener une vie, sinon d’ascètes, comportant du moins certaines privations : œuvre de chair leur est interdite : ils ont conservé leur femme, mais elle n’est plus pour eux qu’une compagne amie ; l’alcool, la viande, le poisson, leur sont interdits; ils se nourrissent exclusivement de végétaux. Eux seuls sont autorisés à correspondre avec Dieu et les Esprits supérieurs, mais ne doivent le faire qu’exceptionnellement.

2. – Les médiums, au nombre de douze, qui sont en quelque sorte des auxiliaires ou dignitaires, qui ne sont pas des religieux proprement dits, mais sont astreints cependant à certaines règles, à certaines privations dans leur vie matérielle. Ils continuent à vaquer à leurs occupations journalières, soit dans le commerce, soit dans l’industrie. Il leur est formellement interdit de pratiquer le spiritisme, hors la présence de dignitaires sans que ceux-ci les y aient invités après avoir récité les prières au Très-Haut.

3. – Les adeptes ordinaires, la masse des croyants, qui n’ont d’autres devoirs que de suivre la morale et les règles de conduite qui leur sont indiquées par le Comité directeur du Caodaïsme et notamment, de se prosterner régulièrement chaque jour, devant l’autel de Cao-Dài, que ce soit dans une pagode spéciale, dans un oratoire nouvellement crée, ou chez eux devant le petit autel que certains ont aménagé, sur lequel trône le dessin d’un oeil entouré de nuages, auprès des chandeliers rituels, d’un brûle-parfum rempli de cendre dans lequel sont fichées des josstikcs, et d’offrandes telles que fruits en plus ou moins grande abondance.

Selon un autre document plus récent, je trouve les adeptes répartis en deux catégories :

Les adeptes du Caodaïsme sont de deux degrés : le  » thuong thua  » ( degré supérieur ) et le  » ha thua  » ( degré inférieur ). Rentrent dans le premier degré, tous les religieux proprement dits ; ils peuvent être dignitaires ou simples adeptes. A ce titre, ils sont astreints à laisser pousser leur barbe et leurs cheveux, à suivre un régime d’alimentation exclusivement végétarien, à s’interdire le luxe et les relations sexuelles. Leur vie, affranchie des servitudes de la matière, est entièrement vouée au service de la religion.

Les adeptes du second degré comprennent la masse des croyants qui continuent à vaquer à leurs occupations normales ; leur devoir religieux consiste à pratiquer quotidiennement le culte et à observer les règles de conduite prescrites par le Nouveau Code religieux ( Tân-luât ). Les uns comme les autres sont astreints aux  » Ngu gioi câm  » ( les panchashila ), interdictions tirées de la morale bouddhique et qui commandent de ne pas tuer, de ne pas être cupide, ne pas commettre d’acte de luxure, ne pas faire grande chère, ne pas pécher en paroles.

En ce qui concerne le régime d’alimentation que doivent suivre les adeptes du second degré, il leur est prescrit un végétarisme graduel consistant à s’abstenir des aliments carnés, un nombre déterminé de jours par mois.

Ainsi, ils débutent par le  » soc vong « , régime temporaire des deux jours ; puis passent successivement au  » luc trai « , régime des six jours, et au  » thâp trai « , régime des dix jours.

Le Caodaïsme admet dans son sein toutes les bonnes volontés sans distinction de race, ni de rang social. Le simple  » dân  » y coudoie fraternellement le dôc-phu-su.

Le culte caodaïste.

 » Celui-ci se pratique chaque jour, dans les oratoires comme dans les maisons privées, en quatre temps ( tu-thoi ) : à 6 heures, à midi, à 18 heures, puis à minuit. Prosternés devant l’hôtel divin, dans l’élan de notre âme vers l’Être Suprême, nous commençons par accomplir le rite de l’offertoire de l’encens ( niêm huong ). Vient ensuite celui de l’ouverture des prières ( khai kinh ), dont la formule peut-être ainsi traduite :

 » Au-dessus de l’Océan de la douleur humaine dont l’immensité se perd entre le ciel et l’eau, déjà l’Astre du Jour point à l’Orient.  » l’Auguste Instructeur Laotseu a eu le mérite d’aider au salut de l’Humanité.  » Les Trois-Religions enseignent Comme base de leurs doctrines la pratique du bien et de la vertu.  » Le Sage Confucius a nettement tracé la voie du Juste Milieu.  » Le Miséricordieux Bouddha a prêché la dévotion et la charité.  » La doctrine taoïste a prescrit le culte du vrai et la discipline du caractère.  » Ainsi un même tronc a donné naissance à trois branches similaires.  » Que l’homme qui se pénètre de cette vérité profonde, se purifie le cœur pour réciter les saintes prières. « 

Ces formalités remplies, nous nous mettons à entonner en chœur un cantique à la Gloire de Dieu, puis trois autres en l’honneur des Trois-Saints : Confucius, Laotseu, Bouddha.

Tel est, dans toute sa simplicité, le rite du culte quotidien. Quant à l’office divin célébré dans les oratoires, les jours de grande cérémonie, il comporte un cérémonial plus important « .

On a reproché au Caodaïsme de s’être écarté totalement du spiritisme scientifique et d’être devenu – regrettablement, assure-t-on – une religion. Il se peut. Mais il ne faut pas oublier trop vite que nous ne sommes plus à Paris, Bruxelles, Berlin ou Rome, et que l’âme asiatique fait toujours la température malgré le masque figé et impassible des visages.

L’amour universel

Ces simples mots pourraient résumer la tendance essentielle du Caodaïsme. Les applications pratiques qui en découlent concernent :

1 – La fraternité humaine ;

2 – La bonté envers les animaux :

 » Puisque nous sommes tenus à des devoirs de fraternité envers les hommes, qui sont nos frères dans la famille universelle, nous avons également des devoirs de bonté envers les animaux qui, eux aussi, sont nos frères encore arriérés sur la voie de l’évolution. Nous devons donc soigner ceux qui sont dressés à notre service, les traiter avec douceur et éviter de les faire souffrir inutilement. Toute vie animale doit être respectée autant que possible ; car, en y portant atteinte, nous retardons l’évolution de la victime. Aussi tout caodaïste conscient de ses devoirs se soumet-il au régime végétarien pour éviter de se faire complice des crimes multiples journellement commis au préjudice de ses frères inférieurs.

 » Entre la pitié envers les bêtes et la bonté d’âme, dit Schopenhauer il y a un lien étroit : on peut dire sans hésiter, quand un individu est méchant pour les bêtes, qu’il ne saurait être homme de bien. « 

3 – La bonté envers les plantes :

 » Nul n’ignore les services que nous rendent les arbres de toute espèce. Bienfaiteurs silencieux de l’homme, ne blâmant ni son ingratitude, ni sa cruauté, ils abritent indifférent, de leur ombrage, tous ceux qui viennent s’asseoir à leur pied, le voyageur fatigué aussi bien que le bûcheron méchant. Le santal, dit-on, parfume la hache qui le frappe.

 » Les plantes constituent une véritable pharmacie naturelle où nous puisons toutes sortes de panacées propres à guérir nos maux. Que de leçons de bonté et de sacrifice ne pouvons-nous pas en tirer à notre profit !

 » Les récentes expériences scientifiques de Sir Bose, un savant de l’Inde, ont démontré que les plantes vivent comme l’homme, que quelques-unes, et plus particulièrement la sensitive, possèdent un système nerveux plus sensible que le nôtre aux impressions physiques. Que pensons-nous alors de celui qui s’amuse à casser une branche à un arbre ou à déraciner une plante ? Si les nécessités de la vie matérielle nous obligent à user des végétaux, la bonté que nous devons à l’égard de ces  » candidats à l’animalité  » nous recommande de ne jamais les mutiler, ni les détruire inutilement. « 

4 – Le service du prochain ( qui complète le devoir de fraternité humaine ) :

 » Que de douceur, que de charme, la nature, dans sa solitude, ne procure-t-elle pas à l’homme qui vit retiré ? Loin du monde dont les séductions n’ont plus de prise sur lui, dans la tranquillité de sa retraite, il purifie sa vie, calme ses passions et élève ses pensées vers l’Être Suprême. Puis, dans le ravissement de la contemplation, où se révèle le sentiment de la Divinité, il sent mieux enfin son origine céleste.

 » Telle est la vie intérieure que mènent les hommes supérieurs, doués de grandes facultés lorsque, leur mission terrestre accomplie, ils aspirent au bien-être spirituel. Mais avant que d’arriver à cette étape élevée du pèlerinage de l’Humanité, le voyageur de la longue route, tout en cherchant à progresser, doit venir en aide à ceux qui tâtonnent encore derrière lui.

 » C’est ainsi que tout caodaïste, soucieux d’agir selon ses principes d’humanité, doit, en toutes circonstances, se vouer au service du prochain. Poussé par le désir d’aider ses semblables, il se tient tout prêt à apporter, soit par ses paroles, soit par ses actes, un baume aux misères morales et sociales. Et, dans ses aspirations vers l’amour miséricordieux, il tend toujours la même main secourable à tous ceux qui ont besoin de son aide. Essuyant tous les affronts, d’où qu’ils viennent, demeurant sans haine parmi ceux qui le haïssent, tout fidèle de la Grande Voie, dignitaire ou simple adepte, doit s’imposer la tâche difficile de travailler à gagner les âmes à Dieu, à leur inculquer les enseignements du Cao-Dài, basés sur l’amour du bien et le culte du vrai.

 » Si à force de proclamer les vérités, il n’arrive pas à convaincre les incrédules, du moins il les aura ébranlés quelque peu. Et alors, les doutes suscités en leur âme jusque-là incroyante, feront le reste…

 » C’est en s’appliquant au perfectionnement et au salut des autres qu’il travaille aux siens propres, car les actes d’amour et de charité, par un juste retour, constituent son seul viatique dans ses pérégrinations vers le bonheur suprême. Puisque le service du prochain est l’une des conditions indispensables de son propre salut, il a tout intérêt à s’y appliquer avec autant de zèle que le lui permettent sa ferveur religieuse et son avancement moral. Sans avoir la prétention de se poser en prédicateur, il doit cependant inciter particulièrement ses coreligionnaire à la pratique du bien et de la vertu. Il peut y arriver, non pas par de vains discours, mais en prêchant d’exemple et en conformant sa vie à la doctrine qu’il professe. Si parfois il vient à faillir à cette tâche en s’écartant de la voie qui lui a été tracée par le Grand Maître, il n’est que juste qu’on s’en prenne à sa faiblesse ou à son inconséquence et non aux enseignements qu’il est chargé de répandre, lesquels constituent toujours, avons-nous besoin de le répéter ? Un idéal de paix et d’amour fraternel.

 » Il peut y avoir, dans le caodaïsme aussi bien que dans toutes les autres religions existantes, de faux dévots et des fidèles dont la foi n’est pas assez forte pour résister aux tentations de l’Esprit du Mal. Ce sont là autant d’éléments malsains qui déshonorent la religion à laquelle ils appartiennent, et dont celle-ci gagnerait à se purger complètement. « 

Les Cinq interdictions

1 – Ne pas tuer des êtres vivants ( à cause de l’étincelle de vie, du centre de conscience qui est en eux );

2 – Ne pas être cupide ( afin d’éviter la chute dans la matérialité par les besoins de possession et de domination ) : C’est le procès de la société actuelle où tout semble devoir attiser l’orgueil et la soif de richesses ;

3 – Ne pas faire grande chère : – Ne pas manger les cadavres des bêtes ( végétarisme ) ; – Ne pas boire d’alcool ( à cause de ses effets nocifs sur le corps physique et sur le périsprit ) :  » Effets nocifs de l’alcool sur le périsprit :  » Le périsprit, disions-nous, interpénètre le corps physique et l’enveloppe de ses fluides. Son centre vital se trouve au cerveau et son centre astral, sur la fontanelle(1). ( c’est sur ce dernier centre que le Protecteur spirituel ( Hô-Phap ) reste posté pour veiller sur l’Ego de l’ascète jusqu’au jour où celui-ci aura atteint la complète initiation. )  » Or l’effet excitant de l’alcool, qui s’étend jusqu’au cerveau, le congestionne, provoquant ainsi des troubles dans le périsprit, troubles qui, au grand préjudice de la vie ascétique, détruisent l’accord mystique qui s’est établi chez l’adepte. De plus, pendant ces troubles périspritaux, celui-ci laisse la porte ouverte ( le centre astral ) aux Esprits pervers qui, prenant possession de son corps et exerçant leur empire sur lui, le poussent à des actes répréhensibles qui pourraient le conduire à la perdition.  » C’est pourquoi notre Grand Maître nous a formellement défendu de boire de l’alcool.  »

4 – Ne pas se laisser tenter par la luxure ( laquelle nous attire un cruel karma ) ;

5 – Ne pas pécher en paroles :  » La révélation nous apprend que Dieu prépose un Esprit-guide à la garde de chaque vie humaine. Cet Esprit, d’une impartialité rigide, est de par sa mission sans cesse en relation avec les Êtres parfaits des hiérarchies supérieures pour rendre, devant le Conseil des Seigneurs du Karma ( Toà Phan Xét ), un compte aussi détaillé que possible de toutes nos actions bonnes et mauvaises. C’est ainsi que le compte de tous les actes humains, constitués en mérites et démérites, est inévitablement réglé par la grande Loi karmique. De plus, cet Esprit préposé à notre garde a également pour mission de nous instruire de ses inspirations. Les hommes, dans leur pauvre et insuffisant langage, l’appellent Conscience. Or, avant que nous cherchions à tromper les autres par nos mensonges, nous aurons déjà trompé notre Conscience, c’est-à-dire notre Esprit-guide. Celui-ci enregistre non seulement toutes nos actions, mais encore toutes nos paroles, fusent-elles non encore traduites en actes. Car, aux yeux des Seigneurs du Karma, les péchés de la langue, en temps que péchés, sont aussi punissables que ceux provenant d’un fait accompli.  » Aussi devons-nous observer la plus grande circonspection dans nos paroles comme dans nos actes. « 

Messages spirites français

Ceux qui sont reçus le plus fréquemment par les médiums caodaïstes émanent, dit-on, d’Allan Kardec, Léon Denis, Camille Flammarion, Descartes, Jeanne d’Arc, Chateaubriand, etc., et surtout Victor Hugo et la famille Victor Hugo. Plusieurs dirigeants du caodaïsme, prétendent les Annamites, ne seraient aujourd’hui que la réincarnation de plusieurs Hugo. Des faits assez curieux semblent le faire croire. Dans certains oratoires, est déposé le portrait de Victor Hugo.

La réincarnation dans le Caodaïsme.

Se rattachant au bouddhisme, au taoïsme, au confucianisme, et je crois pouvoir l’affirmer sans craindre d’être désavoué : au kardécisme ( Allan Kardec étant considéré comme un génie religieux ), le caodaïsme croit au Karma et au Samsara, sa conséquence. Les caodaïstes déclarent franchement n’apporter rien de nouveau sur ce point.

Toute volition ( pensée, parole, ou acte ) est une cause qui porte en elle son effet :

 » La cause est rigoureusement liée à son effet, lequel est en quelque sorte sa transformation, son interprétation matérielle. Cette interprétation est si exacte que l’examen minutieux de l’incarnation présente d’une entité suffirait pour nous renseigner à la fois sur son passé et son avenir. L’incarnation présente de l’entité avec cette alternance de joies et d’ennuis a été déterminée par des actions qu’elle avait accomplies elle-même au cours de ses vies antérieures. De même, dès à présent, ses agissement déterminent les conditions de sa réincarnation à venir.

 » L’effet est séparé de la cause par un temps qui peut être long ou court. Si cet intervalle est court, l’effet est immédiat et le pécheur voit s’accomplir sous ses yeux l’expiation. S’il est long, c’est que le pécheur bénéficie pour un temps de l’heureux effet de bonnes actions accomplies dans un temps lointain ou proche, et qui dure encore. Mais dès que cette immunisation métapsychique aura pris fin, la loi karmique jouera pleinement. Dans bien des cas, la chute qui en résulte est vertigineuse expliquant ainsi la décadence précipitée de telle famille, de telle dynastie ou de telle race.  » ( Revue Caodaïste, mars 33. )

Le libre-arbitre de l’homme est limité par les effets karmiques des vies antérieures, l’homme étant le propre artisan de sa destinée, affirment les caodaïstes. La pratique du bien permet à l’entité de se débarrasser progressivement de son Karma.  » Pour se connaître, a dit Ngô Van Chiêu, le premier caodaïste désincarné depuis peu, l’adepte doit se souhaiter des malheurs. « 

Le Caodaïsme croit encore à l’apparition d’un homme nouveau, rejoignant ainsi soit M. le Professeur Pietro Ubaldi ( Zeitschrift für metapsychische Forschung, 29- 4 -33 ) qui croit que l’homme de l’avenir sera un médium naturel, un nouveau type d’être sensitif, soit nos amis les théosophes qui aperçoivent déjà le nouveau type d’homme en formation :

 » L’expérience a montré qu’à chaque venue du Messie, qu’Il porte le nom de Laotseu, de Bouddha ou du Christ, l’humanité est pour ainsi dire réveillée de sa torpeur. Un courant de forces occultes, circulant partout, l’aide à comprendre des mystères jusque-là incompréhensibles ; un développement subit et miraculeux de certaines facultés comme l’intuition, la mémoire, l’intelligence, la clairvoyance, permet aux adeptes d’accéder à la Voie qui leur est désormais ouverte. Touché ainsi par le fluide universel, qui ne s’approche de la Terre qu’après des milliers de siècles, l’adepte comprend aisément les enseignement divins et, brûlant les étapes, il arrivera un jour à s’absorber en Dieu.

 » Depuis l’apparition du Caodaïsme, dont l’Être Suprême est le fondateur, des phénomènes de ce genre ont été signalés un peu partout en Cochinchine. Le plus surprenant est le végétarisme intégral pratiqué sans peine par les adeptes de tout sexe et de tout âge. On a vu des enfants de quatre ou cinq ans qui ne souffraient pas la vue des plats de poisson ou de viande. On en a vu qui, à l’âge de treize ou quatorze ans, renonçaient au régime carné pour se nourrir seulement de légumes et de riz une fois par jour, à midi. On en a vu qui ne mangeaient que des fruits. Ces faits d’un ordre nouveau ont étonné les bonzes eux-même, qui ont avoué que parmi eux rares sont ceux qui pratiquent le végétarisme intégral.

 » Ensuite vient l’épanouissement inattendu de certaines facultés telles que la mémoire, l’intelligence, l’intuition chez des personnes qui n’ont reçu aucune instruction. « 

Depuis sa création, la Revue Caodaïste nous a signalé en Annam quelques faits de réincarnation. Nous serions bien heureux de voir nos frères caodaïstes adopter pour leurs enquêtes et leur contrôle la précision scientifique nécessaire à l’Occident qui a besoin de preuves plus que de témoignages d’ordre moral. Ils nous rendraient sur ce point un immense service : Un fait de réincarnation minutieusement contrôlé abattrait d’un seul coup les objections courantes et cent fois entendues contre la réincarnation. La R. C. s’est déjà engagée dans cette voie et nous l’en félicitons.

Chacun de nous, répète le Caodaïsme, avant de se réincarner, prend un peu de Chao lu ( potage de l’oubli ). S’il en prend beaucoup ( quand il a beaucoup péché et qu’il a beaucoup à oublier), il ne se souvient pas de sa vie antérieure. S’il en prend peu ( quand il est arrivé à l’une de ses dernières réincarnations et qu’il n’a plus à rougir de fautes graves ), il lui arrive par introspection, par intuition, par illumination, de se remémorer des souvenirs d’incarnations précédentes. Mais c’est le privilège d’une élite de méditatifs et de sages humbles et silencieux que le monde ignore.

Aussi justifiée que puisse paraître cette assertion, osons le dire : Notre préférence va au document établi d’après les méthodes du positivisme.

CONCLUSION

Notre époque de faillite, de chaos, de soif de richesse, de haine, parle volontiers de révision des impôts, de révision des traités, de révision des frontières, de révision des taxes douanières, etc. Mais elle oublie une révision dont on parle peu et qui est la clef de révision de toutes les autres révisions :

Si nous commencions à réviser nos conscience ?

c’est parce que le Caodaïsme a compris cette nécessité et a tenté cette révision des consciences qu’il a dressé contre lui tant de forces noires en Asie : Puissante synthèse des religions asiatiques ; trait d’union avec le christianisme du Christ ; ralliement au fait psychique et spirite, base du spiritualisme moderne occidental ; cri d’amour vers l’Inconnu, vers l’Infini, vers la Paix universelle et la Fraternité des peuples ; salut à toi, Cao-Dài, salut à vous, caodaïstes, lointains frères de l’Annam dont nous recevons et bénissons aujourd’hui le précepte et l’exemple ! La vieille Europe osera-t-elle enfin ce renversement des valeurs que nécessite l’avènement des temps nouveaux ? Nous le croyons, et c’est pourquoi nous disons merci ! à nos frères caodaïstes de l’Indochine.

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