RENCONTRE AU CENTRE ALLAN KARDEC AVEC LE CAODAISME

Mise à jour 2012-07-13 03:25:15

(California, Juillet 2012 - Recueilli par Canh Tran)

 Ci-contre est un article paru dans le Numero 49, Juin 2012, Bulletin d’Association du Centre Spirite Lyonnais, racontant la visite de la délégation caodaiste au Centre fin Mars 2012.

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Rencontre au Centre avec le Caodaïsme

Dans le bulletin, Le spiritisme de septembre 2011, nous avons évoqué la doctrine caodaïste, religion née au Vietnam, alors sous influence française, au début du XXème siècle. Suite à cet article, les représentants officiels du culte caodaïste ont pris contact avec notre association et sont venus nous rendre visite à notre centre de Bron.

C’est avec plaisir que nous avons accueillis le président Canh Quang Tran et douze disciples tout de blanc vêtu. Nous avons discuté longuement et c’est ainsi que nous avons pu constater de nombreux points communs avec la doctrine spirite. Le président Canh Quang Tran nous a offert plusieurs ouvrages dont un cahier de messages spirites en français reçu par voie médiumnique durant les années 1925-1938.

Dans la première partie de cet ouvrage Gustave Meillon (1915-1994) ancien administrateur des services civils d'Indochine, professeur de vietnamien à l'Inalco de 1948 à 1984, président-fondateur de l'institut de l'Asie du Sud-Est, membre de l'académie des sciences d'Outre-Mer, nous fait part de son étude sur l’histoire du Caodaïsme.

Je vous en retransmets dans les lignes qui suivent l’aspect spirituel. Vous serez surpris de certaines similitudes avec le spiritisme concernant la croyance en la réincarnation, les communications avec l’au delà et les règles morales basées sur la pratique du bien et le perfectionnement de l’âme. De même le Caodaïsme ne prétend pas être une nouvelle religion, ni remplacer celles existantes.

«Le Caodaïsme se présente comme étant la doctrine de Cao-Dài, le Créateur, l'Eternel qui, utilisant la voie spirite, s’est révélé au Viêt-Nam dans la nuit de noël 1925. Il se dit, plus exactement, la grande voie (religion) de la 3ème Amnistie de Dieu, ou encore celle du 3ème salut universelle accordée par Dieu en Orient. Ayant une vue cyclique de l'Univers, cette doctrine enseigne en effet que le Maître Divin, Dieu le père s'est tout d'abord manifesté en incarnation, par matérialisation psychique et en paroles pour se faire reconnaître aux initiés et aux médiums. Cette première amnistie correspond à l'époque de Moïse en Occident. La seconde amnistie se rapporte au temps de Confucius et de Laotius en Orient, à celui de Jésus-Christ et de Mahomet en Occident. Durant ce nouveau cycle, Dieu s'est révélé sous une forme humaine en la personne de son Fils et de messagers, ayant tous pour mission d'enseigner aux hommes la foi en Dieu. Chaque cycle se termine par une décadence, une dégénérescence de la société. La religion elle-même souffre de déviations coupables. Miséricordieux, le Créateur accorde alors son salut universel pour racheter les hommes et les ramener dans la bonne voie.

La troisième amnistie provient de la manifestation du Saint-Esprit. Au moyen du spiritisme, aux aspects si divers de par le monde (autant de signes précurseurs), Dieu entend ramener à lui l'humanité .plongée dans le matérialisme, en lui indiquant la grande voie, en lui inculquant la foi universelle.

En principe, le Caodaïsme ne prétend nullement être une religion nouvelle, ni remplacer les religions existantes. Il ne renie rien de l'essentiel des diverses doctrines existant en ce monde, et il n'en rejette formellement aucune car, dit-il, toutes ont une origine divine. Mais l'homme, dans sa faiblesse, veut imposer sa propre croyance, l'estimant supérieure aux autres ; ses agissements provoquent une dégénérescence de toutes les religions, et leur éloignement de la voie tracée par Dieu.

Le Créateur entend maintenant refaire l'unité primordiale, promouvoir l'union de toutes les doctrines existantes. Ainsi s'annonce l'ère de l'universalité. Les fidèles du caodaïsme, obéissant aux ordres divins, ont pour seule préoccupation de faire disparaître les divergences qui séparent aujourd'hui les religions. Ils rejettent toute idée de sectarisme, pratiquent la plus large tolérance, afin d'assurer l'existence d'une foi unique, seule source de bonheur pour l'humanité. Le monde ne milite-t-il pas, dans tous les domaines, pour parvenir à l'unité. Ainsi s'expliquent les cinq branches du Caodaïsme : Bouddhisme, Taoïsme, Confucianisme, Christianisme et Culte des Génies et les divers emprunts effectués de part et d'autre. Nous nous trouvons en présence d'un véritable essai de syncrétisme qui, au lieu de suivre les chemins du coeur ou du mysticisme, a fait appel, pour se constituer, aux méthodes du spiritisme.

Le Viet-Nam connaît depuis fort longtemps la pratique du spiritisme. Dans les temples taoïstes, on a coutume d'évoquer les Immortels par l'entremise de la corbeille à bec. Dans le culte dit des Bà-Dông, sous forme d'hypnose, le génie prend possession du médium, généralement une femme. Mais il fallait à ces précédents quelque peu décadents l'intervention d'un élément nouveau, propre à en assurer la régénérescence. La faveur du spiritisme en Occident au siècle dernier et son introduction au Viet-Nam au début de ce siècle devaient exercer ce rôle. Parmi toutes les écoles, celle d'Allan Kardec allait jouir d'une faveur particulière.

On sait que la table frappante fut rapidement abandonnée au profit de la traditionnelle corbeille à bec. Celle-ci se présente sous la forme d'un petit cylindre en osier de 20 centimètres environ de diamètre, recouvert de soie jaune, et muni d'une sorte de manche en bois terminé par une sculpture.de tête de phénix. Pour communiquer avec l'au-delà, deux médiums, assis face à face, tiennent des deux mains la corbeille retournée. Dès qu'ils se trouvent en relation avec un Esprit, ils provoquent des mouvements de la corbeille. Différents procédés sont alors utilisés pour recueillir les communications obtenues. Le bec du phénix, en picorant un tableau de l'alphabet désigne successivement les lettres composant les mots du message. Ou bien, le bec du phénix, muni d'un pinceau ou d'un crayon, trace directement les lettres ou les caractères. Parfois encore, le bec se déplace sur un plateau préalablement recouvert de sable fin ou, plus rarement, se déplace dans l'air, mais la lecture exige dans ce cas une très grande habileté des pratiquants.

La révélation de la doctrine caodaïste s'est effectuée selon ces divers procédés. Les médiums l'ont recueillie en rassemblant des messages successifs, communications et instructions émanant principalement de l'Esprit de Ly-Thai-Bach (Li-Tai-Pé), poète chinois du VIIIème siècle, fervent taoïste, mort de noyade un soir où, en état d'ivresse, il essayait de cueillir dans le fleuve un rayon de lune. C'est lui le pape spirituel du caoïdaïsme. Cette révélation était pratiquement terminée en 1930. Depuis lors, la plupart des messages reçus n'ont surtout servi qu'à l'exégèse, et n'ont jamais été admis officiellement par les autorités du Saint-Siège. On n'a pas oublié que, parmi les Esprits occidentaux les plus assidus aux séances, ceux de Jeanne d'Arc et Victor Hugo figurent au premier plan.

Le Caodaïsme enseigne que toutes les croyances sont des manifestations différentes, dues à la diversité des époques et des hommes, d'un même culte rendu à un Dieu unique, souverain maître de l'univers. Il affirme l'existence de l'âme, survivant à la dépouille matérielle, progressant sur la voie de la perfection par une série de réincarnations au cours desquelles l'être humain se doit de pratiquer les devoirs traditionnels envers la société, envers la famille, et envers sa propre personne. Les règles morales sont classiques : elles tendent à l'amélioration de l'individu, à la pratique de la vertu, au règne de l'amour universel. Pour cela, il convient d'observer les cinq interdictions :
- Ne tuer aucun être vivant,
- Ne pas être cupide,
- Ne pas faire bonne chère,
- S'abstenir d'acte de luxure,
- Eviter de pécher en paroles.

L'observance des quatre commandements (obéissance, modestie, honnêteté, respect) et la rectitude des huit chemins suivis (connaissance, volonté, parole, action, vie, effort, pensée, recueillement) amèneront l'homme à la perfection.»

 Le Caodaïsme a connu dès ses débuts, comme le spiritisme, une expansion très rapide. Puis les guerres, les évènements politiques, les rivalités ont eu raison de son développement. Toutefois ses membres sont dotés d’une foi sincère et d’une grande sagesse ce qui a permis à ce mouvement de sauver son existence et l’essentiel de ses valeurs.